lundi 9 mars 2015

L’AGRICULTURE : ON LUI RETIRE LA PERFUSION, MAIS ON NE LA GUÉRIT PAS.

la culture bio s'invite


Le Salon de l’Agriculture qui vient de fermer ses portes, a une nouvelle fois enregistré une très forte fréquentation. Même s’il elle n’a pas égalé celle de 2014. Derrière la vitrine lissée avec ces beaux troupeaux astiqués et poudrés comme des stars qui font s’écarquiller les yeux des enfants, et exciter les papilles des parents à la vue de ces entrecôtes sur pattes. Ce grand Show fait un instant l’impasse sur les préoccupations du monde agricole.  Comme tous les départements français, la Manche perd des emplois agricoles chaque année. En 2010, sur 100 actifs, seuls 3 travaillaient en agriculture contre 36 en 1946. A un rythme de 2,5% par an la disparition des emplois agricoles interpelle. Comment comprendre que nous n'ayons plus que 50000 agriculteurs dans une France qui a 5millions de chômeurs? L'ambition du syndicalisme agricole d'après guerre ne s'est elle pas faite absorber à son corps défendant par les réalités du productivisme? Cette ambition était de promouvoir la constitution d'exploitations suffisamment rentables pour que le couple arrive à la parité de vie avec le reste de la société. Cette particularité n'est-elle pas en train de prendre fin? Depuis une vingtaine d'années, les plus grosses exploitations prennent des allures de firmes qui portent le salariat. En 2007, 20% des travailleurs de l'agriculture sont salariés de ces exploitations dont la taille ne cesse d'augmenter au détriment du nombre. Nous n'en sommes pas encore à la ferme des mille vaches très controversée, mais la nouvelle PAC n'ayant pas mis fin à la course aux rendements, les conséquences se traduisent par la prise de pouvoir des grands capitaux au sein des grandes exploitations. Une alternative est-elle possible?
 Dans son article dans la revue PAYSANS, de février, Jean-Paul Simier agronome et économiste directeur de l’agriculture agroalimentaire en Bretagne écrit : Crise subie ou mutation accélérée ?
Certains y voient la fin d'un modèle spécifique, voire régional. D'autres entrevoient plutôt une mutation en cours, assurément douloureuse et complexe, mais une réelle adaptation à une mondialisation qui avance vite.  Il n'y a pas de crises à proprement parler d'un agroalimentaire, mais d'abord une crise de notre système productif français, dans un monde économique qui s'est ouvert très vite.


Avec 1,1 million d'hectares cultivés, la France affiche désormais la 3ème surface bio d'Europe après l'Espagne et l'Italie selon le rapport annuel de l'agence bio. 2000 producteurs ont rejoint les rangs l'an dernier. La forte croissance de l'agriculture certifiée bio se poursuit mais le chemin sera long car notre société a besoin de se remettre en cause face à la qualité des produits qu'on lui propose. La surface des terres cultivées bio ne représente que 5,5% des terres exploitées en Europe, 2 à 4% dans la Manche.
  
« LA NATURE DES UNS, N’EST PAS LA NATURE DES AUTRES » poursuit Christian Lévêque toujours dans la revue Paysans.

Pour Christain Lévêque, Ce dont rêve le citoyen, c'est d'une nature jardinée, dans laquelle il se sente à l'aise, une nature qui répond à ses attentes esthétiques, ludiques et sécuritaires, dans laquelle seraient absentes toutes les espèces qui dérangent. Francis Terrasson écrit, dans La peur de la Nature : « La demande de nature telle qu'elle est actuellement ressentie dans la plus grande partie des esprits est destinée à rester éternellement insatisfaite, car elle correspond à une réalité qui n'existe pas. Elle conduit à engager. des actions d'aménagement qui consistent à habiller la nature soi-disant détériorée, de signes qui la feront, on l'espère, ressembler à l'image mythique ».

Les jeunes en formation « maraîcherbio » que j’ai reçu il y a peu n'ont pas manqué de se plaindre de cette lente évolution, se refusant à entrer dans une vision réaliste d'une société souvent contradictoire dans ses exigences celle de la qualité n'étant pas toujours compatible avec celle de la quantité. Le problème, est de trouver le chemin qui mène à l'équilibre dans une nature que notre société souhaite à la fois préservée et nourricière, deux objectifs auxquels ne répondent pas toujours notre mode de vie et notre éducation (alimentaire)

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